Approuvées par le COSEPAC en avril 2009
La zone d’occupation est une mesure biologique de l’habitat occupé à l’intérieur de l’aire de répartition d’une espèce sauvage. Lorsqu’elle est estimée à une échelle qui est biologiquement pertinente à une espèce sauvage, la zone d’occupation peut donner un aperçu des besoins en matière d’habitat, des menaces et des limites associés à cette espèce sauvage et, si des données ont été collectées pendant un certain nombre d’années, donner des renseignements importants sur les tendances. Il s’agit de renseignements biologiques importants qui sont pertinents aux critères d’évaluation et comme information contextuelle des évaluations. Il est important de se rappeler que le COSEPAC utilise la zone d’occupation de deux manières. Premièrement, il l’utilise d’une manière très spécifique sous la forme d’un indice lié aux seuils indiqués dans les critères quantitatifs. Par souci de clarté, ce traitement de la zone d’occupation est désigné sous le nom d’« indice de zone d’occupation », ou « IZO ». La zone d’occupation est également utilisée dans son sens plus général en tant qu’appréciation biologique valable de l’habitat occupé à l’intérieur de l’aire de répartition d’une espèce sauvage. Il est à noter que dans ce dernier cas, l’information ne peut être appliquée aux critères quantitatifs; elle peut toutefois servir à l’évaluation globale. Cette information servira à titre de considération contextuelle dans le cadre de l’étape 4 de l’évaluation, ou dans l’étape 5, lorsque les résultats de l’évaluation sont évalués en fonction des définitions des catégories de l’évaluation (L'évaluation de la situation et la désignation du statut par le COSEPAC).
Le COSEPAC utilise l’indice de zone d’occupation (IZO) comme un élément des critères B et D. La taille de l’IZO utilisé par le COSEPAC pour une espèce sauvage est comparée aux seuils spécifiés dans les critères du COSEPAC pour reconnaître les espèces sauvages caractérisées par une répartition restreinte ou une population de petite taille et, de ce fait, les espèces sauvages qui pourraient présenter un risque élevé de disparaître de la planète ou de disparaître du pays. Étant donné que la taille estimée de l’IZO est fonction de l’échelle à laquelle elle est mesurée, il est important d’utiliser une échelle uniforme pour déterminer l’IZO qui sera utilisé en application des critères du COSEPAC. Le COSEPAC a déterminé qu’un IZO mesuré à une échelle de 2 x 2 km2 (ou, parfois, 1 x 1 km² comme il est précisé plus loin) était adapté aux besoins des critères.
Les lignes directrices du COSEPAC pour calculer l’IZO et en faire rapport se trouvent à la Partie A du présent document. Ces recommandations ont été acceptées par le COSEPAC en novembre 2006 sur la foi d’analyses fournies par le Groupe de travail sur les critères du COSEPAC.
A. Lignes directrices du COSEPAC pour calculer l’IZO et en faire rapport.
1. Pour calculer l’IZO, le COSEPAC aura habituellement recours à une grille de 2 x 2 km, de façon à ce que les seuils du critère relatifs à l’IZO puissent être appliqués de manière uniforme et valable.
2. Une grille de 1 x 1 km peut être utilisé si (a) suffisamment de données sont disponibles (b) la grille plus fine est justifiée (p. ex. un besoin en matière d’habitat très spécifique comme de l’eau douce ou des dunes sableuses). Consultez la section 4.10.6 du document de l’UICN pour des mises en garde sur l’utilisation d’une grille 1 x 1 dans le cas d’habitats « linéaires ».
L’IZO à 2 x 2 et l’IZO à 1 x 1 doivent être consignés de telle manière qu’ils pourront être comparés l’un à l’autre et aux seuils. La justification de l’utilisation recommandée de la grille 1 x 1 doit être fournie dans le rapport de situation. Il incombe aux membres du COSEPAC de déterminer laquelle des deux estimations est la plus appropriée à l’évaluation.
Veuillez noter que l’IZO n’est jamais utilisé seul lorsque les critères quantitatifs sont appliqués; il y a toujours d’autres indicateurs du risque de disparition qui doivent être respectés, comme un certain taux de déclin, une fragmentation sévère, un nombre peu élevé de sites, les menaces, etc.
3. L’information sur la zone d’occupation autre que les estimations de l’IZO peut également être pertinente pour une évaluation de la situation, et l’inclusion de cette information dans le rapport de situation est encouragée. L’estimation de la zone d’occupation au lieu de l’IZO doit être justifiable du point de vue biologique, c’est-à-dire que suffisamment de données et de renseignements doivent être disponibles, y compris sur les endroits où l’espèce sauvage est présente et absente, pour qu’une estimation précise de l’habitat occupé puisse être faite. Ces estimations ne peuvent être utilisées en combinaison avec les seuils subordonnés à la taille de la grille. Les estimations de la zone d’occupation devront être analysées relativement à l’effet sur le risque de disparition au moment de l’examen des considérations contextuelles prévues à l’étape 4 de l’évaluation ou à l’étape 5 lorsque les résultats de l’application des critères et des directives sont comparés aux définitions des catégories d’évaluation (voir L'évaluation de la situation et la désignation du statut par le COSEPAC).
B. Procédé du COSEPAC pour calculer l’IZO.
Comme indiqué dans les instructions aux rédacteurs des rapports de situation, les auteurs des rapports doivent communiquer avec le Secrétariat au sujet du calcul de l’IZO. Les coprésidents des SSE sont aussi invités à communiquer avec le Secrétariat s’ils ont besoin d’aide ou ont des questions concernant l’IZO. Si des questions ne peuvent être réglées, veuillez les soumettre au Groupe de travail sur les critères.
C. Guide : Lignes directrices de l’UICN concernant l’IZO et la zone d’occupation
Des renseignements et des conseils sur l’utilisation de l’IZO sont donnés à la section 4.10 du document de l’UICN Guidelines for Using the IUCN Red List Categories and Criteria. Une version traduite de cette section est fournie ci-dessous
Il faut noter qu’il y a une certaine confusion dans ce document en ce qui concerne la zone d’occupation en général et la méthode à grille utilisée dans le contexte des critères. Généralement, l’UICN utilise la zone d’occupation (ZO) de la même façon que le COSEPAC utilise l’IZO.
La zone d’occupation (ZO) est un paramètre qui représente la superficie d’habitat propice actuellement occupée par le taxon. Comme toute mesure de superficie, la ZO requiert une échelle particulière. Dans ce cas, l’échelle est déterminée par les seuils spécifiés dans les critères. Autrement dit, pour que l’utilisation des critères soit valable, la ZO doit avoir été estimée à des échelles qui se rapportent aux seuils spécifiés dans ceux-ci. Ces échelles (voir « Problèmes liés à l’échelle » plus bas) visent à assurer des statuts de vulnérabilité comparables au sein des taxons; d’autres échelles seront peut-être plus indiquées pour d’autres usages. Par exemple, des échelles beaucoup plus petites conviennent à la planification de mesures de conservation pour les plantes tandis que des échelles plus grandes peuvent convenir à une analyse globale des lacunes dans le cas de grandes espèces sauvages mobiles. Toutefois, il ne conviendra peut-être pas d’utiliser ces échelles avec les critères.
La zone d’occupation fait partie des critères pour deux raisons principales. La première est de reconnaître les espèces sauvages ayant une répartition spatiale restreinte et donc, généralement, les espèces sauvages ayant un habitat restreint. Ces espèces sauvages sont souvent des spécialistes de l’habitat. Les espèces sauvages ayant un habitat restreint sont considérées comme étant plus à risque de disparaître. Deuxièmement, dans bon nombre de cas, la ZO peut être un bon indicateur de la taille des populations, parce qu’il y a généralement une corrélation positive entre la ZO et la taille de la population. La véracité de cette relation est, pour toute espèce sauvage, sous la mouvance de la variation de la densité de sa population.
Supposons deux espèces sauvages ayant la même zone d’occurrence, mais des valeurs de ZO différentes, peut-être parce que les besoins en matière d’habitat de l’une sont plus spécialisés. Par exemple, deux espèces sauvages peuvent être réparties dans le même désert (la zone d’occurrence est donc la même), mais une espèce sauvage s’étend largement dans tout le désert (grande ZO) alors que l’autre est confinée aux oasis (petite ZO). L’espèce sauvage dont la ZO est plus petite peut être plus à risque de disparaître parce que les menaces qui planent sur son habitat restreint (p. ex. la dégradation des oasis) sont susceptibles de réduire son habitat plus rapidement en une zone qui ne peut supporter une population viable. Il est aussi fort probable que l’espèce sauvage dont la ZO est plus petite montre une taille de population plus petite que celle dont la ZO est plus grande et qu’elle soit donc plus à risque de disparaître pour cette raison.
4.10.1 Problèmes liés à l’échelle
Des problèmes d’échelle spatiale peuvent venir compliquer les classifications reposant sur la zone d’occupation (ZO). Il y a un conflit logique entre la nécessité d’avoir des seuils d’aire de répartition fixes [dans le critère] et celle de mesurer l’aire de répartition à différentes échelles pour différents taxons. « Plus fine est l’échelle à laquelle les répartitions ou les habitats des taxons sont cartographiés, plus petite sera la zone déterminée occupée par ceux-ci, et moins grande sera la probabilité que les estimations de l’aire de répartition … soient plus élevés que les seuils spécifiés dans le critère. La cartographie à des échelles spatiales plus fines révèle plus de zones dans lesquelles le taxon est absent. Inversement, la cartographie à échelle grossière révèle moins de zones inoccupées, produisant ainsi des estimations de l’aire de répartition qui sont plus susceptibles de dépasser les seuils fixés pour les catégories de risque. Le choix de l’échelle à laquelle la ZO est estimée peut donc, lui-même, influencer le résultat des évaluations des espèces sauvages figurant à la Liste rouge et peut être une source d’incohérence et de biais. » (UICN, 2001) Certaines estimations de la ZO peuvent devoir être normalisées à une échelle de référence appropriée afin de réduire ce type de biais. Dans les parties qui suivent, nous traitons d’abord d’une méthode simple pour estimer la ZO, puis nous faisons des recommandations sur le choix d’une échelle de référence appropriée et, enfin, nous décrivons une méthode de normalisation pour les cas où les données disponibles ne sont pas à l’échelle de référence.
4.10.2 Méthodes d’estimation de la ZO
Il y a plusieurs méthodes pour estimer la ZO, mais, pour les besoins des présentes lignes directrices, nous assumons que les estimations ont été obtenues en comptant le nombre de cellules occupées dans une grille uniforme qui s’étend sur l’ensemble de l’aire de répartition d’un taxon (voir la figure 2 dans UICN 2001), puis en déterminant la superficie totale de toutes les cellules occupées :
ZO = nombre de cellules occupées x superficie d’une cellule (équation 4.1)
L’ « échelle » des estimations de la ZO peut alors être représentée par la superficie d’une cellule dans la grille (ou autrement la longueur d’une cellule, mais dans le présent contexte nous utilisons la superficie). Il y a d’autres façons de représenter la ZO, par exemple en cartographiant et en calculant la superficie des polygones qui contiennent tout l’habitat occupé. L’échelle de ces estimations peut être représentée par la superficie du plus petit polygone cartographié (ou la longueur du segment de polygone le plus court). Ces autres méthodes ne sont cependant pas recommandées.
4.10.3 L’échelle appropriée
Il est impossible de prescrire des règles rigoureuses mais d’application générale pour cartographier des taxons et des habitats; l’échelle la plus appropriée est déterminée par le taxon en question de même que par l’origine et l’intégralité des données de répartition. Cependant, nous sommes d’avis que, dans bien des cas, une taille de grille de 2 km (superficie de cellule de 4 km²) est une échelle appropriée. Les échelles d’une taille de grille de 3,2 km ou plus (plus grossières, plus grandes) sont contre-indiquées, car elles ne permettront à aucun taxon d’être désigné « gravement menacé d’extinction » (catégorie pour laquelle la valeur-seuil de la ZO aux termes du critère B est 10 km²). Les échelles ayant une taille de grille de 1 km ou moins ont tendance à inscrire plus de taxons dans les catégories de risque plus élevé que ce que ces catégories supposent. Toutefois, si les données disponibles ont été obtenues par suite d’un échantillonnage de forte intensité, ces échelles plus fines peuvent convenir. En d’autres mots, pour pouvoir utiliser une échelle plus fine, une échelle d’une taille de grille de 1 km par exemple, les évaluateurs doivent être raisonnablement certains que les cellules de 1 km² inoccupés représentent des « absences » véritables plutôt que des « présences non détectées ». Pour la plupart des autres cas, nous recommandons d’utiliser une échelle aux cellules de 4 km² comme échelle de référence. Une estimation faite à une échelle différente, en particulier si des données à différentes échelles sont utilisées pour évaluer des espèces sauvages d’un même groupe taxinomique, peut engendrer des incohérences et des biais. Dans tous les cas, l’échelle de la ZO ne doit pas reposer sur la zone d’occurrence (ou d’autres mesures relatives à la superficie de l’aire de répartition), car la ZO et la zone d’occurrence mesurent des facteurs différents ayant un effet sur le risque de disparition (voir ci-dessus). Si une ZO peut être calculée à l’échelle de référence de cellules de 4 km², vous pouvez ignorer les sections 4.10.4 et 4.10.5. Si une ZO ne peut être calculée à l’échelle de référence (p. ex. parce qu’elle a déjà été calculée à une autre échelle et que les cartes originales ne sont pas disponibles), les méthodes décrites dans les deux sections suivantes pourraient se montrer utiles.
4.10.4 Relations échelle-superficie
Il a été recommandé précédemment de réduire les biais causés par l’utilisation d’estimations de l’aire de répartition faites à différentes échelles en normalisant les valeurs estimées à une échelle de référence qui est appropriée aux seuils spécifiés dans les critères. La présente section et la section qui suit examinent la relation échelle-superficie qui forme l’arrière-plan de ces méthodes de normalisation et décrivent l’une de ces méthodes à l’aide d’exemples. La méthode de normalisation est fonction de la façon dont la ZO est estimée. Dans la discussion qui suit, nous supposons que la ZO a été estimée au moyen de la méthode par grille résumée précédemment. La méthode de normalisation ou de correction examinée plus loin repose sur la relation entre l’échelle et la superficie ou, en d’autres mots, comment la ZO estimée change suivant les changements apportés à l’échelle ou à la résolution. Les estimations de la ZO peuvent être calculées à différentes échelles en commençant par les lieux cartographiés à la plus fine résolution spatiale disponible, puis en doublant successivement les dimensions des cellules de la grille. La relation entre la superficie occupée et l’échelle à laquelle elle a été estimée peut être illustrée sur un graphique appelé « courbe superficie-superficie » (p. ex. celui de la figure 4.3). Les pentes de ces courbes peuvent varier dans des limites théoriques, selon l’étendue de la saturation de la grille. Une pente maximale = 1 est obtenue lorsqu’il y a seulement une cellule de grille à échelle fine occupée dans le paysage (répartition pleinement insaturée). Une pente minimale = 0 est obtenue lorsque toutes les cellules de grille à échelle fine sont occupées (répartition pleinement saturée).
Longueur de la grille | Superficie de la grille | ZO |
---|---|---|
1 | 1 | 10 |
2 | 4 | 24 |
4 | 16 | 48 |
8 | 64 | 64 |
16 | 256 | 256 |
32 | 1024 | 1024 |
Célébrons 100 ans de conservation internationale des oiseaux
Histoire, Convention concernant les oiseaux migrateurs
Figure 4.3. Illustration de la dépendance à l’échelle lors du calcul la zone d’occupation. À une échelle fine (carte de droite), la ZO = 10 x 1 = 10 unités2. À une échelle grossière (carte de gauche), la ZO = 3 x 16 = 48 unités2. La ZO peut être calculée en fonction de diverses échelles en doublant successivement les dimensions de la grille à partir des estimations faites à l’échelle la plus fine disponible (voir le tableau). Celles-ci peuvent être présentées sur une courbe superficie-superficie (ci-dessus).
4.10.5 Facteurs de correction de l’échelle
Les estimations de la ZO peuvent être normalisées en appliquant un facteur de correction de l’échelle. Les relations échelle-superficie (voir p. ex. la figure 4.3) fournissent des indications importantes pour effectuer ce type de normalisation. Il n’est pas possible de donner un seul facteur de correction de l’échelle qui convient à tous les cas parce que les différents taxons présentent des relations échelle-superficie différentes. De plus, pour convenir, un facteur de correction doit tenir compte d’une échelle de référence (p. ex. une taille de grille de 2 km) qui est appropriée aux seuils de zone d’occupation spécifiés dans le critère B. Les exemples qui suivent montrent comment les estimations de la ZO faites à des échelles fine et grossière peuvent être mises à l’échelle de référence qui permettra d’obtenir une estimation qui peut être évaluée en fonction des seuils de la ZO spécifiés dans le critère B.
Exemple : Application d’une échelle plus grossière
Supposons que les estimations de la ZO sont disponibles à la résolution de grille de 1 km présentée à la figure 4.3 (à droite) et qu’il est nécessaire d’obtenir une estimation à l’échelle de référence d’une taille de grille de 2 km. Cela peut être fait à partir de la carte simplement en doublant les dimensions de la grille originale, en comptant le nombre de cellules occupées et en appliquant l’équation 4.1. Lorsque l’échelle de référence n’est pas un multiple géométrique de l’échelle de l’estimation originale, il est nécessaire de calculer une courbe superficie-superficie, comme illustré à la figure. 4.3, et d’interpoler une estimation de la ZO à l’échelle de référence. Cela peut être fait mathématiquement en calculant un facteur de correction de l’échelle (C) à partir de la pente de la courbe superficie-superficie comme suit :
C=( log 10 ( ZO 2 / ZO 1 ) log 10 ( Ag 2 / Ag 1 )) (équation 4.2)
Où ZO1 est la zone occupée estimée à partir de grilles de la zone Ag1, à une échelle proche de, mais plus petite que, l’échelle de référence et où ZO2 est la zone occupée estimée à partir de grilles de la zone Ag1, à une échelle proche de, mais plus grande que, l’échelle de référence. Une estimation de la ZOR à l’échelle de référence, AgR, peut ainsi être calculée en réarrangeant l’équation 2 comme suit :
ZO R = ZO 1 * 10 C*log( Ag R /Ag 1 ) (équation 4.3)
Dans l’exemple présenté à la figure 4.3, des estimations de la ZO faites à partir de grilles de 1 x 1 km et de 4 x 4 km peuvent être utilisées pour vérifier la ZO estimée à l’échelle de référence de 2 x 2 km comme suit :
C=( log 10 (48/10)/log(16/1))=0.566, et
ZO =48* 10 0.566*log(4/16) =22 km 2
Il est à noter que cette estimation diffère légèrement de la valeur vraie obtenue par comptage de la grille et application de l’équation 1 (24 km2), la pente de la courbe superficie-superficie n’étant pas tout à fait constante entre les échelles de mesure de 1 x 1 km et de 4 x 4 km.
Exemple : Application d’une échelle plus fine
Il est plus difficile d’appliquer des échelles plus fines aux estimations de la ZO que des échelles plus grossières car il n’y a pas d’informations quantitatives sur l’occupation de la grille à des échelles plus fines que l’échelle de référence. La mise à l’échelle doit donc se faire par extrapolation, plutôt que par interpolation, de la courbe superficie-superficie. Kunin (1998) et He et Gaston (2000) proposent des méthodes mathématiques pour cette opération. Une approche simple consiste à appliquer l’équation 4.3 en utilisant une valeur approximative du C.
Une valeur approximative du C peut être dérivée en la calculant à des échelles plus grossières, comme le suggère Kunin (1998). Par exemple, pour estimer une ZO à 2 x 2 km lorsque la résolution la plus fine des données disponibles est à 4 x 4 km, il est possible de calculer le C à partir d’estimations à 4 x 4 km et à 8 x 8 km comme suit :
C=(log(64/48)/log(64/16))=0.208
Cette méthode suppose toutefois que la pente de la courbe superficie-superficie est constante, ce qui ne vaut vraisemblablement pas pour bon nombre de taxons dans un éventail modéré d’échelles. Dans ce cas, une ZO à 4 x 4 km est surestimée car le C a été sous-estimé.
ZO =48* 10 0.208*log(4/16) =36 km 2
Bien qu’une extrapolation mathématique puisse fournir certaines indications pour estimer le C, il y a peut-être des informations qualitatives sur la capacité de dispersion, la spécificité de l’habitat et les tendances du paysage qui peuvent aussi servir de guide. Le tableau 4.1 donne des indications sur la façon dont ces facteurs peuvent influencer les valeurs du C dans l’étendue d’échelles d’une taille de grille entre 2 x 2 km et 10 x 10 km.
Caractéristique | Influence sur le C | |
---|---|---|
Petite (proche de 0) | Grande (proche de 1) | |
Capacité de dispersion | Étendue | localised or sessile |
Spécificité de l'habitat | Étendue | Étroite |
Disponibilité de l'habitat | Généralisée | Limitée |
Par exemple, si l’organisme étudié était un animal à distribution étendue sans besoins précis en matière d’habitat dans un paysage vaste et relativement uniforme (p. ex. une espèce de chameau dans un désert), sa répartition à échelle fine serait relativement saturée et la valeur du C serait proche de zéro. En revanche, les organismes qui sont soit sessiles, soit à distribution étendue mais qui ont des besoins précis en matière d’habitat qui ne se trouvent qu’en petits lots dans le paysage (p. ex. des oiseaux de mer migrateurs qui ne se reproduisent que sur certains types de falaises de certains types d’îles) auraient des répartitions très insaturées représentées par des valeurs de C proche de un. Les connaissances biologiques qualitatives sur les organismes et les relations mathématiques dérivées de données à échelle grossière peuvent donc toutes deux être utiles pour estimer une valeur du C qui peut être appliquée dans l’équation 4.3 pour estimer une ZO à l’échelle de référence.
Finalement, il est important de noter que si des estimations non à l’échelle de la ZO faites à des échelles plus grandes que la valeur de référence sont utilisées directement pour évaluer un taxon par rapport aux seuils indiqués dans le critère B, l’évaluation supposera que la répartition est pleinement saturée à l’échelle de référence (c’est-à-dire qu’elle supposera que C = 0). En d’autres mots, il est assumé que les grilles d’échelle grossière occupées ne contiennent pas d’habitat inadapté ou inoccupé pouvant être détecté dans des grilles de la taille de référence.
4.10.6 Habitat « linéaire »
D’aucuns craignent que les grilles n’aient pas beaucoup de signification écologique pour les taxons vivant dans un habitat « linéaire » comme l’intérieur des rivières ou les bordures de côtes. Bien que cette préoccupation soit légitime, pour être en mesure d’évaluer des taxons en regard du critère B, il est important que le système de mesure utilisé soit compatible avec les seuils, et qu’il permette des inscriptions comparables. Si les estimations de la ZO étaient fondées sur des estimations de la longueur x largueur de l’habitat, le nombre de taxons dépassant le seuil VU du critère B (surtout lorsque les habitats concernés sont des ruisseaux ou des plages larges de quelques mètres) pourrait être très bas. De plus, il y a le problème de définir ce qu’est un habitat « linéaire », et de mesurer la longueur d’une ligne dentelée. Par conséquent, nous recommandons que les méthodes d’estimation de la ZO décrites précédemment soient utilisées pour les taxons dans tous les types de répartition d’habitat, y compris les taxons aux aires de répartition linéaires vivant dans des rivières ou sur des côtes.
4.10.7 Estimation de la ZO à partir de cartes et de modèles de l’habitat
Les cartes de l’habitat montrent la répartition de l’habitat propice pour une espèce sauvage. Elles peuvent être dérivées d’une interprétation de l’imagerie à distance et/ou d’analyses de données environnementales spatiales par combinaisons simples de couches de données SIG, ou par des modèles statistiques de l’habitat plus formels (p. ex. des modèles linéaires et additifs généralisés, des arbres décisionnels, des modèles bayesiens, des arbres de régression, etc.). Les cartes de l’habitat peuvent servir de base pour estimer la ZO et la zone d’occurrence et, si des cartes sont disponibles pour différents points dans le temps, des taux de changements peuvent être estimés. Elles ne peuvent être utilisées directement pour estimer la ZO d’un taxon car elles cartographient une zone qui est plus étendue que la zone occupée (c’est-à-dire qu’elles représentent aussi des zones d’habitat propice qui peuvent être inoccupées à l’heure actuelle). Cependant, elles peuvent se montrer utiles pour estimer la ZO indirectement, si les trois conditions suivantes sont respectées :
- Les cartes doivent être admises comme des représentations justes des besoins en matière d’habitat de l’espèce sauvage et validées par une méthode qui est indépendante des données utilisées pour les construire.
- La zone cartographiée d’habitat propice doit être interprétée pour produire une estimation de la superficie d’habitat occupé.
- La superficie estimée d’habitat occupé dérivée au moyen de la carte doit être mise à l’échelle de la taille de grille qui est appropriée pour la ZO de l’espèce sauvage.
La qualité et la précision des cartes de l’habitat peuvent varier énormément (condition i). Une carte peut ne pas être une représentation juste de l’habitat s’il y a omission de variables clés dans le modèle sous-jacent. Par exemple, une carte surestimerait l’habitat d’une espèce subalpine dépendante de la forêt si elle reconnaissait toutes les zones forestières comme de l’habitat propice sans tenir compte de l’altitude. La résolution spatiale des ressources en habitat a également un effet sur la justesse avec laquelle les cartes représentent l’habitat propice. Par exemple, des sites de nidification particuliers d’oiseaux, par exemple une configuration particulière de sous-bois ou d’arbres aux creux d’une dimension spécifique, ne se prêtent pas à une cartographie à des échelles grossières. Toute application de cartes de l’habitat dans le processus d’évaluation de la Liste rouge doit donc faire l’objet d’une appréciation des limites de la cartographie, laquelle devrait permettre de déterminer si les cartes surestiment ou sous-estiment la superficie d’habitat propice.
Les cartes de l’habitat peuvent refléter fidèlement l’habitat propice, mais peut-être que seule une fraction de cet habitat propice est occupée (condition ii). Un faible taux d’occupation de l’habitat peut être causé par d’autres facteurs faisant obstacle; disponibilité des proies, impacts des prédateurs, compétiteurs ou perturbation, limites à la dispersion, etc. Dans ces cas, la superficie d’habitat cartographié peut être de beaucoup plus grande que la ZO et devra par conséquent être corrigée (au moyen d’une estimation de la proportion d’habitat occupé) afin de produire une estimation valide de la ZO. Cela peut se faire en échantillonnant aléatoirement des cellules de grille renfermant de l’habitat propice, méthode qui demandera de multiples itérations avant que ne soit obtenue une valeur moyenne stable de la ZO. Les cartes de l’habitat sont produites à une résolution déterminée par les couches de données d’entrée (images prises par satellite, modèles numériques d’altitude, surfaces climatiques, etc.). Souvent, ces cartes seront à des échelles plus fines que celles requises pour estimer la ZO (condition iii); les échelles devront donc être augmentées.
Dans les cas où la ZO est de moins grande superficie que la zone d’habitat propice, il est possible que la population soit en déclin au sein de l’habitat, mais que l’habitat ne fournisse aucune indication d’un changement. Cette méthode peut donc être à la fois imprécise et imprudente pour estimer des réductions dans les changements démographiques.
Toutefois, si un déclin est observé dans une zone d’habitat cartographiée (et que la carte est une représentation valable de l’habitat propice – condition i), la population connaît alors sans doute un déclin à une vitesse au moins égale à celle observée sur la carte. Cette généralisation est robuste car même la perte d’habitats inoccupés peut réduire la viabilité d’une population. Donc, à défaut d’estimations de la ZO, le déclin observé dans la zone d’habitat cartographiée peut être utilisé pour appeler un « déclin continu » dans les critères B et C, et la vitesse de ce déclin peut servir de point de départ pour calculer une limite inférieure pour la réduction démographique visée par le critère A.