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(Ottawa, le 11 décembre 2025) Les dernières évaluations des espèces sauvages canadiennes du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) ont mis en évidence des enjeux complexes et variés, notamment la redécouverte inattendue d’une espèce végétale et des perspectives peu favorables pour le saumon atlantique.
Le saumon atlantique fait partie intégrante de l’identité culturelle et joue un rôle important dans la sécurité alimentaire de nombreuses communautés autochtones au Canada, en plus d’être un poisson prisé des pêcheurs à la ligne. Le COSEPAC a évalué 19 populations distinctes de saumons atlantiques, dont les effectifs d’adultes varient de moins de 100 (intérieur de la baie de Fundy) à plus de 100 000 (nord est de Terre Neuve). Bon nombre des populations de saumons du Canada atlantique souffrent des effets du réchauffement des cours d’eau et continuent d’afficher des déclins abrupts, mais certaines des populations les plus septentrionales dans la baie d’Ungava et le long des côtes du Labrador croissent rapidement à mesure que la température des cours d’eau s’élève.
Saumon atlantique © Photo 555838239 by v_moss
iNaturalist Canada. autorisé sous licence CC BY-NC 4.0
Le saumon atlantique est une espèce confrontée à de nombreuses menaces. La surpêche, la dégradation de l’habitat, la présence d’autres poissons, de barrages et d’obstacles dans les cours d’eau ainsi que les changements climatiques peuvent tous contribuer à son déclin. Ainsi, plusieurs de ses populations ont été évaluées « en voie de disparition ». Les efforts locaux d’amélioration de l’habitat et de repeuplement dirigés par les Autochtones, qui visent expressément à assurer l’avenir de l’espèce à long terme dans certaines régions plus au sud, se poursuivent sans relâche.
« Nous avons besoin d’un leadership fort à tous les ordres de gouvernement, même si notre travail reposant sur la persévérance et la collaboration a amélioré la situation du saumon dans l’intérieur de la baie de Fundy », a souligné Rebecca Knockwood, cheffe de la Première Nation de Fort Folly. « Le repeuplement de nos cours d’eau en saumons rétablit la santé de l’écosystème d’eau douce, contribue à guérir les blessures du passé grâce à la réconciliation et permet aux jeunes autochtones de renouer avec leur culture. »
Desmodie d'Illinois © Patrick Deacon
Noctuelle sableuse de l’île de Sable © John Klymko La desmodie d’Illinois, une plante aux fleurs éclatantes de la famille des Fabacées, qui avait été observée pour la première fois au Canada en 1888, a été officiellement désignée « disparue du pays » en 1991. Cependant, grâce à l’identification par des experts à partir de quelques photos provenant du site de science communautaire iNaturalist, elle a été redécouverte en 2019. Les botanistes de l’Ontario n’ont pas tardé à observer d’autres individus de l’espèce, mais ces derniers sont encore très peu nombreux, et l’habitat de cette espèce est menacé. La désignation de la desmodie d’Illinois est passée de « disparue du pays » à « en voie de disparition ».
James Pagé, de la Fédération canadienne de la faune et responsable d’iNaturalist Canada, fait valoir que : « Cela montre comment chacun peut contribuer à l’un des processus les plus importants en matière de conservation. Le fait d’utiliser iNaturalist pour prendre une photo d’une plante ou d’un animal, même si vous ne pouvez l’identifier, peut s’avérer utile pour éclairer les décisions en matière de conservation. »
Outre ces espèces, le COSEPAC s’est aussi penché sur cinq espèces de papillons nocturnes présents uniquement sur l’île de Sable, au large de la côte de la Nouvelle Écosse. Alors que cette île évoque pour nous des chevaux et des épaves; dans les deux cas, des legs humains, les insectes de l’île sont beaucoup moins connus, même par la science. Ces cinq espèces de papillons de nuit ont commencé à tracer leur propre voie évolutive depuis des milliers d’années, après que la fonte des glaciers de la période glaciaire ait fait monter le niveau de la mer, isolant l’île au large de nos côtes. Aujourd’hui, les changements climatiques attribuables à l’humain continuent d’élever le niveau de la mer, et la faune unique de l’île n’a nulle part ailleurs où aller. Des conditions météorologiques et des ondes de tempête de plus en plus violentes sont les principales menaces pesant sur ces cinq espèces sauvages, qui ont toutes été évaluées comme étant « préoccupantes ».
Le COSEPAC a également délibéré sur la situation de trois populations d’une espèce nocturne et discrète, le blaireau d’Amérique. Les populations de la Colombie Britannique et du sud ouest de l’Ontario ont été évaluées « en voie de disparition », tandis que la population du centre du Canada a été considérée comme étant « préoccupante ». L’ours grizzli a conservé son statut d’espèce « préoccupante » — tout comme le saumon atlantique, sa répartition s’étend vers le nord; néanmoins, il fait toujours l’objet de pressions plus au sud.
« Les espèces évaluées cette année ont permis de voir plus clairement comment une menace telle que les changements climatiques peut toucher de manière différente les espèces dont l’aire de répartition est vaste, comme l’ours grizzli et le saumon atlantique, et celles dont l’aire de répartition est restreinte, comme les espèces de papillons nocturnes insulaires », a fait remarquer David Lee, président du COSEPAC. « Cependant, grâce à une planification et à des mesures de rétablissement collaboratives, nous pouvons protéger toutes ces espèces canadiennes essentielles. »
Prochaine réunion
La prochaine réunion d’évaluation des espèces sauvages du COSEPAC est prévue en mai 2026.
À propos du COSEPAC
Le COSEPAC évalue la situation d’unités importantes de la biodiversité considérées comme étant en péril au Canada. Pour ce faire, le COSEPAC se sert de connaissances scientifiques, traditionnelles autochtones ou des collectivités, lesquelles sont fournies par des spécialistes provenant de gouvernements, d’universités et d’autres organismes. Les sommaires d’évaluations sont actuellement à la disposition du public sur le site Web du COSEPAC et seront transmis à l’automne 2026 au ministre fédérale de l’Environnement, du Changement climatique et de la Nature pour examen en vue de l’inscription au titre de la Loi sur les espèces en péril (LEP). À compter de cette date, les rapports de situation seront mis à la disposition du public dans le Registre public des espèces en péril.
Le COSEPAC est composé de membres provenant de chaque organisme responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, Pêches et Océans Canada et le Musée canadien de la nature), de quatre membres scientifiques non gouvernementaux, des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones, et de deux scientifiques en début de carrière.
Lors de sa plus récente réunion, le COSEPAC a évalué 35 espèces sauvages dans diverses catégories de risque du COSEPAC, y compris 9 espèces en voie de disparition, 6 espèces menacées, et 12 espèces préoccupantes. En plus de ces espèces sauvages faisant partie des catégories de risque du COSEPAC, le COSEPAC a évalué 6 espèces dans la catégorie non en péril et 2 espèces dans la catégorie données insuffisantes.
Définitions de la terminologie et des catégories de statut du COSEPAC :
Espèce sauvage : Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D) : Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP) : Espèce sauvage qu’on ne trouve plus à l’état sauvage au Canada, mais qu’on trouve ailleurs.
En voie de disparition (VD) : Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M) : Espèce sauvage susceptible de devenir « en voie de disparition » si rien n’est fait pour contrer les facteurs menaçant de la faire disparaître.
Préoccupante (P) : Espèce sauvage qui peut devenir « menacée » ou « en voie de disparition » en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP) : Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI) : Catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce sauvage à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce sauvage.
Espèce en péril : Espèce sauvage qui a été évaluée comme étant « disparue du pays », « en voie de disparition », « menacée » ou « préoccupante ».
| David Lee (Ph.D.) Président, COSEPAC Téléphone : 514-366-9574 |
Questions d’ordre général : Secrétariat du COSEPAC Service canadien de la faune Environnement et Changement climatique Canada 351, boul. St-Joseph Gatineau (Québec) K1A 0H3 www.cosepac.ca |
| Questions sur les arthropodes (géléchide des lupins, lymantrie à houppes blanches de l'île de Sable, noctuelle de l'île de Sable, noctuelle sableuse de l’île de Sable, noctuelle sordide de l'île de Sable, tordeuse de l'île de Sable) : Jennifer M. Heron |
Questions sur les poissons marins (saumon atlantique ) : Dr. Bruce Leaman Téléphone : 250-510-3625 |
| Questions sur les mollusques (solémie du nord) : Todd J. Morris (Ph.D.) Pêches et Océans Canada Téléphone : 289-983-1528 |
Questions sur les mousses et lichens (bartramie de Haller) : Nicole Fenton (Ph.D.) Université du Québec en Abitibi-Témiscaminque Téléphone : 819-762-0971 (poste 2312) |
| Questions sur les mammifères terrestres (blaireau d'amérique, ours grizzli - population de l'Ouest) : Chris Johnson (Ph.D.) University of Northern BC Téléphone : 250-960-5357 |
Questions sur les plantes vasculaires (desmodie d'Illinois, oxytrope patte-de-lièvre, smilax à feuilles rondes) : Del Meidinger Meidinger Ecological Consultants Ltd. Téléphone (1) : 250-881-1180 Téléphone (2) : 778-977-1180 |
| Questions sur les connaissances traditionnelles autochtones : Roger Gallant |