Le COSEPAC a révisé ses critères d’évaluation de la situation des espèces sauvages. Ces critères sont utilisés par le COSEPAC depuis novembre 2001 et sont fondés sur les catégories révisées de la Liste rouge de l’UICN (IUCN 2001, 2012). En 2011, 2014 et en 2021, des changements mineurs ont été apportés aux définitions pour rendre les critères du COSEPAC plus compatibles avec ceux de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Une version antérieure des critères quantitatifs a été utilisée par le COSEPAC d’octobre 1999 à mai 2001; veuillez vous référer à la première série de critères quantitatifs et de définitions du COSEPAC. Pour la définition des termes, voir Définitions et abréviations du COSEPAC associées aux critères quantitatifs. Le tableau suivant est une version abrégée. Pour des conseils complets sur l’application de ces critères, consulter les dernières lignes directrices de la Liste rouge de l’UICN.
Indicateur | Espèce en voie de disparition | Espèce menacée |
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A1. Réduction observée, estimée, inférée ou présumée du nombre total d’individus matures au cours des dix dernières années ou trois générations, selon la période la plus longue, lorsque les causes de la réduction sont clairement réversibles et comprises et ont cessé, d’après un ou plusieurs des éléments suivants (à préciser)1 : | Réduction de ≥ 70 % | Réduction de ≥ 50 % |
a) observation directe; | ||
b) indice d’abondance approprié pour le taxon; | ||
c) réduction de l’indice de la zone d’occupation, ou de la zone d’occurrence et/ou de la qualité de l’habitat; | ||
d) niveaux d’exploitation réels ou potentiels; | ||
e) effets de taxons introduits, de l’hybridation, de pathogènes, de polluants, de compétiteurs ou de parasites. | ||
A2. Réduction observée, estimée, inférée ou présumée du nombre total d’individus matures au cours des dix dernières années ou trois dernières générations, selon la période la plus longue, lorsqu’il est possible que la réduction ou ses causes n’aient pas cessé ou ne soient pas comprises ou ne soient pas réversibles, d’après un ou plusieurs des sous critères a) à e) de A1 (à préciser). | Réduction de ≥ 50 % | Réduction de ≥ 30 % |
A3. Réduction prévue, inférée ou présumée du nombre total d’individus matures dans les dix prochaines années ou trois prochaines générations, selon la période la plus longue (jusqu’à un maximum de 100 ans), d’après un ou plusieurs des sous critères a) à e) de A1 (à préciser). | Réduction de ≥ 50 % | Réduction de ≥ 30 % |
A4. Réduction observée, estimée, inférée, prévue ou présumée du nombre total d’individus matures au cours de toute période de dix années ou de trois générations commençant dans le passé et se terminant dans le futur, selon la période la plus longue (jusqu’à un maximum de 100 ans dans le futur), lorsqu’il est possible que la réduction ou ses causes n’aient pas cessé ou ne soient pas comprises ou ne soient pas réversibles, d’après un ou plusieurs des sous critères a) à e) de A1 (à préciser). | Réduction de ≥ 50 % | Réduction de ≥ 30 % |
Indicateur | Espèce en voie de disparition | Espèce menacée |
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B1. La zone d’occurrence est estimée à | < 5 000 km2 | < 20 000 km2 |
ou | ||
B2. L’indice de la zone d’occupation est estimé à | < 500 km2 | < 2 000 km2 |
et (pour B1 ou B2) les estimations indiquent au moins deux des possibilités a) à c) suivantes : | ||
a. Population fortement fragmentée ou répartie dans : | ≤ 5 localités | ≤ 10 localités |
b. Déclin continu observé, déduit ou projeté de l’un ou l’autre des éléments suivants : (i) zone d’occurrence, (ii) l’indice de la zone d’occupation, (iii) superficie, étendue et/ou qualité de l’habitat, (iv) nombre de localités ou de sous-populations, (v) nombre d’individus matures. | ||
c. Fluctuations extrêmes de l’un ou l’autre des éléments suivants : (i) zone d’occurrence, (ii) l’indice de la zone d’occupation, (iii) nombre de localités ou de sous-populations, (iv) nombre d’individus matures. |
Indicateur | Espèce en voie de disparition | Espèce menacée | |
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C. Nombre total d’individus matures estimé à : | < 250 | < 2 500 | < 10 000 |
ET au moins un des critères C1 ou C2 : | |||
C1. Déclin continu observé, estimé ou prévu du nombre total d’individus matures d’au moins : | 25 % sur 3 ans ou 1 génération, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans dans le futur | 20 % sur 5 ans ou 2 générations, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans dans le futur | 10 % sur 10 ans ou 3 générations, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans dans le futur |
C2. Déclin continu observé, estimé, prévu ou inféré du nombre d’individus matures ET au moins une des trois conditions suivantes : | |||
a.(i) Aucune sous population n’est estimée à : | > 50 individus matures | > 250 individus matures | > 1 000 individus matures |
a.(ii) Une sous population renferme : | 90 à 100 % de tous les individus matures | 95 à 100 % de tous les individus matures | 100 % des individus matures |
b. Il y a des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures. |
Indicateur | Espèce en voie de disparition | Espèce menacée |
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D. Nombre total d’individus matures très petit ou répartition restreinte selon l’une ou l’autre des catégories suivantes : | ||
D1. Population estimée à | < 250 individus matures | < 1 000 individus matures |
ou | ||
D2. Pour les espèces sauvages menacées seulement : Population canadienne dont l’indice de la zone d’occupation est très limitée (habituellement < 20 km2) ou le nombre de localités est très faible (habituellement ≤ 5), de telle manière qu’elle se trouve vulnérable aux effets des activités humaines ou de phénomènes stochastiques à l’intérieur d’une période très courte (une à deux générations) dans un avenir incertain, et pourrait donc disparaître du pays ou de la planète ou devenir en danger critique* en très peu de temps. | Sans objet | Indice de la zone d’occupation habituellement < 20 km2 ou Nombre de localités habituellement ≤ 5 localités |
Indicateur | Espèce en voie de disparition | Espèce menacée |
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E. Analyse quantitative (projections démographiques) montrant que la probabilité de disparition du pays ou de la planète à l’état sauvage est d’au moins | 20 % sur 20 ans ou 5 générations, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans | 10 % sur 100 ans |
* En danger critique (catégorie mentionnée uniquement à titre indicatif aux fins de l’application de D2)
Les procédures du COSEPAC ne prévoient pas l’attribution d’une catégorie « en danger critique ». Les critères associés à cette catégorie sont toutefois utiles pour déterminer si un taxon est exposé ou non à un risque extrêmement élevé de disparition de la planète à l’état sauvage, tel que mentionné sous D2. Les seuils établis pour les critères de la catégorie « en danger critique » sont précisés dans UICN (2014). Les seuils différant de ceux de la catégorie « en voie de disparition » sont les suivants :
Critère A :
A1. Réduction des effectifs ≥ 90%.
A2, A3 ou A4. Réduction des effectifs ≥ 80%.
Critère B :
B1. Zone d’occurrence < 100 km2.
B2. IZO < 10 km
a) Population gravement fragmentée ou présente dans une seule localité. Critère C : Nombre d’individus matures < 250.
Critère C : Nombre d’individus matures < 250.
C1. Déclin continu estimé du nombre d’individus matures d’au moins 25 % sur trois ans ou une génération, selon la période la plus longue.
C2. Déclin continu observé, prévu ou inféré du nombre d’individus matures et au moins une des caractéristiques suivantes :
i) aucune sous-population estimée à plus de 50 individus matures; ii) au moins 90 % des individus matures se trouvent dans une seule sous-population. Critère D1 : Population estimée à < 50 individus matures.
Critère E : Analyse quantitative (projections démographiques) montrant que la probabilité de disparition du pays ou de la planète à l’état sauvage s’élève à au moins 50 % sur dix ans ou trois générations, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans.
Préoccupante; :
Espèce sauvage particulièrement sensible aux activités humaines ou aux événements naturels, mais qui n’est toutefois pas en péril ou menacée.
L’espèce sauvage peut être classifiée dans la catégorie « préoccupante » si :
- l’espèce sauvage a connu un déclin jusqu’à un niveau d’abondance qui menace sa longévité est de plus en plus à cause de la stochasticité génétique, démographique ou environnementale, mais que ce déclin n’est pas assez prononcé pour que l’espèce sauvage soit classifiée « menacée »;
- l’espèce sauvage peut devenir « menacée » si les facteurs dont on craint l’influence négative sur sa longévité ne sont ni renversés ni gérés de façon efficace;
- l’espèce sauvage rencontre presque l’un ou l’autre des critères de la catégorie « menacée »;
- l’espèce sauvage est classifiée « menacée », mais qu’il existe un indice clair que des sous-populations hors limites produiront un effet de sauvetage.
Voici des exemples de raisons pour lesquelles une espèce sauvage peut être classifiée « préoccupante » :
- une espèce sauvage particulièrement sensible aux catastrophes (p. ex. une population d’oiseaux marins vivant près du trajet d’un pétrolier); ou
- une espèce sauvage dont l’habitat ou les besoins alimentaires sont très limités et dont une menace éventuelle a été déterminée pour cet habitat ou pour ces vivres (p. ex. un oiseau qui cherche de la nourriture surtout dans les vieilles forêts, une plante qui pousse surtout sur des dunes sablonneuses non modifiées, un poisson qui fraie surtout dans les estuaires, un serpent qui se nourrit surtout d’écrevisses dont l’habitat est menacé par l’envasement); ou
- une espèce sauvage en rétablissement qui n’est plus considérée comme « menacée » ou « en voie de disparition », mais qui n’est pas encore hors de tout danger.
Voici des exemples de raisons pour lesquelles une espèce sauvage peut ne pas être classifiée « préoccupante » :
- une espèce sauvage qui existe en faible densité, mais sur laquelle aucune menace reconnue ne pèse (p. ex. un grand animal prédateur qui défend un domaine vital ou un territoire important); ou
- une espèce sauvage qui existe en faible densité, mais qui n’est pas classifiée « menacée » et pour laquelle un effet de sauvetage est évident.
Lignes directrices devant être utilisées pour désigner une espèce sauvage comme « disparue » ou « disparue du pays »
Une espèce sauvage peut être classifiée dans la catégorie « disparue » ou « disparue du pays » si :
- il n’existe aucun habitat restant pour l’espèce sauvage et aucun enregistrement de l’espèce sauvage malgré des recensements récents; ou
- 50 années ont passées depuis le dernier enregistrement crédible de l’espèce sauvage, malgré des recensements ont eu lieu dans l’intérim; ou
- des renseignements suffisants existent pour prouver qu’il n’existe aucun individu vivant de l’espèce sauvage.
Lignes directrices devant être utilisées les cas de « données insuffisantes »
La catégorie « données insuffisantes » devrait être utilisée pour les cas où, dans le cadre du rapport de situation, il y a eu des recherches approfondies pour obtenir la meilleure information disponible et que l’information est insuffisante pour : a) répondre à tout critère ou attribuer un statut; b) résoudre la question de l’admissibilité de l’espèce sauvage relativement à l’évaluation.
Exemples :
- les enregistrements relatifs à l’occurrence sont trop peu fréquents ou trop répandus pour tirer des conclusions sur la zone d’occurrence, la taille de la population, les menaces ou les tendances;
- les recensements pour vérifier l’occurrence, lorsqu’entrepris, n’ont pas été assez approfondis ou exhaustifs ou ils n’ont pas eu lieu au moment approprié de l’année ou dans des conditions propices afin d’assurer la fiabilité des conclusions tirées des données obtenues;
- l’occurrence de l’espèce sauvage au Canada ne peut pas être confirmée ou niée avec certitude.
La catégorie « données insuffisantes » ne devrait pas être utilisée si : a) le COSEPAC a de la difficulté à choisir entre deux désignations; b) le rapport de situation est inadéquat et que des recherches approfondies pour obtenir la meilleure information disponible n’ont pas été effectuées (cas dans lequel le rapport devrait être rejeté); c) l’information disponible est à peine suffisante pour attribuer un statut, mais insuffisante pour la planification du rétablissement ou d’autres utilisations semblables.
(1) Attendu que a) et b) sont des méthodes utilisées pour déterminer le déclin du nombre d’individus matures et que d) et e) sont des causes potentielles, tous les énoncés de a) à e) qui indiquent une réduction ou y contribuent devraient être déclarés. De plus, pour utiliser c), il doit y avoir une raison pour inférer ou présumer qu’un déclin de l’IZO, de la zone d’occurrence ou de la qualité de l’habitat entraînera un déclin du nombre d’individus matures qui excède les seuils.