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Une évaluation d'urgence conclut que trois espèces de chauve-souris sont en voie de disparition au Canada

Le 3 février 2012, un sous-comité des évaluations d'urgence du COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) a évalué la situation de la pipistrelle de l'Est (Perimyotis subflavus), de la petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus) et de la chauve-souris nordique (Myotis septentrionalis) au Canada. Les trois espèces ont été désignées comme étant « en voie de disparition ». Le sous-comité a conclu que le taux de mortalité sans précédent au Canada des espèces indigènes de chauve-souris dû au champignon Geomyces destructans, le pathogène responsable du syndrome du museau blanc, représente une menace sérieuse et imminente à la survie de chacune de ces espèces. Les populations de ces trois espèces ont connu récemment un déclin précipité en raison de la propagation rapide du syndrome du museau blanc. Le sous-comité a recommandé au ministre de l'Environnement d'émettre un décret d'urgence pour inscrire ces espèces sauvages à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril.

L'évaluation d'urgence a été fondée sur les meilleures connaissances disponibles pour les trois espèces de chauve-souris et l'agent pathogène au Canada et aux États-Unis. Même si les données sur les chauves-souris et la maladie fongique sont quelque peu limitées, les preuves d'un effondrement des populations et d'une propagation rapide de la maladie ne font pas de doute. Il s'agit seulement de la quatrième évaluation d'urgence menée par le COSEPAC en une dizaine d'années.

Syndrome du museau blanc

Le syndrome du museau blanc a été diagnostiqué pour la première fois dans une grotte de l’État de New York, aux États-Unis, en février 2006. Il a été découvert au Canada à l’hiver 2009-2010 et sa présence est maintenant confirmée en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Il se propage rapidement, à une vitesse se situant entre 200 et 400 km par an. On pense que le champignon n'est pas originaire d'Amérique du Nord et que son transport par voie humaine pourrait faciliter une propagation plus rapide vers l'ouest du Canada.

On en sait peu sur ce syndrome qui tire son nom de la prolifération de champignons blancs caractéristiques autour du museau et sur les ailes des chauves-souris infectées. Des études en laboratoire menées en 2011 confirment que le syndrome est causé par un champignon appelé Geomyces destructans. Le syndrome du museau blanc a pour effet d’interrompre l'hibernation des chauves-souris, qui épuisent rapidement leurs réserves de graisse nécessaires pour traverser l'hiver. Les chauves-souris infectées sortent souvent plus tôt de leur hibernation, et on peut les voir voler à l’extérieur en plein hiver. Ces chauves-souris finissent habituellement par mourir de déshydratation ou de faim. Un lien a maintenant été établi entre la maladie et la mort de plus de 5,7 millions de chauves-souris en Amérique du Nord.

Trois espèces de chauve-souris sont en voie de disparition, et d'autres espèces de chauve-souris pourraient être touchées

Au Canada, les aires de répartition de la pipistrelle de l'Est et du G. destructans se superposent presque complètement. La pipistrelle de l'Est est relativement rare, mais un dénombrement direct de cette espèce dans un gîte d'hibernation au Québec indique un déclin de 94 % sur deux ans. Le risque que pose cette maladie pour la pipistrelle de l'Est est considéré comme exceptionnellement élevé parce qu'elle hiberne à des températures idéales pour le pathogène, et ce, pendant des périodes relativement longues.

Bien que l’aire de répartition de la petite chauve-souris brune n'ait été jusqu'ici que partiellement touchée par le G. destructans, la maladie se propage à des vitesses se situant entre 200 et 400 km par an et pourrait atteindre une grande partie de l’aire de répartition de l’espèce d'ici deux ou trois générations. De récents dénombrements des populations de petites chauves-souris brunes dans des gîtes d'hibernation au Canada indiquent un déclin de 94 à 99 % en deux ans suivant l’exposition à la maladie.

Pour ce qui est de la chauve-souris nordique, tout comme pour la petite chauve-souris brune, la répartition du G. destructans n'inclut pas la totalité de l’aire de répartition de l'espèce, mais les données indiquent une propagation rapide de la maladie et un taux de mortalité très élevé. De récents dénombrements effectués dans des gîtes d'hibernation au Canada indiquent un déclin de plus de 90 % en deux ans.

Seulement trois des espèces de chauve-souris ont été évaluées par le COSEPAC en février. Toutefois, jusqu'à maintenant, le syndrome du museau blanc a été décelé chez neuf espèces de chauve-souris en Amérique du Nord et ceci suscite des préoccupations sur le plan de la conservation de ces espèces, de même que d'autres espèces où la maladie n'a pas encore été signalée.

Plus qu’un problème de chauves-souris, ces êtres vivants nous rendent des services écologiques indispensables

Bien qu'il n'y ait aucun lien connu entre le syndrome et la santé humaine, le syndrome du museau blanc ne touche pas uniquement les chauves-souris. En effet, les chauves-souris ont une valeur inestimable pour l'économie en tant qu'agents antiparasitaires naturels pour les fermes et les forêts, et pourraient jouer un rôle important dans la lutte contre les insectes qui propagent des maladies chez l'homme. Des chercheurs américains estiment que la mortalité massive de chauves-souris coûtera 3,7 milliards de dollars chaque année au secteur de l'agriculture de l’Amérique du Nord.

Mesures adoptées

À l’heure actuelle, il n'existe pas de traitement contre le syndrome du museau blanc ni de moyens pour prévenir sa transmission. Des chercheurs canadiens et américains ainsi que des biologistes de la conservation travaillent en collaboration afin d'améliorer les données et de répondre à d'importantes questions de recherche sur les chauves-souris et la maladie. Une équipe interorganismes a préparé l'ébauche d'un document, intitulé « Plan national de gestion du syndrome du museau blanc chez les chauves-souris au Canada »,qui vise à orienter et à coordonner les actions. Des travaux sont en cours pour réduire ou éliminer la possibilité de transfert du champignon par les humains en réduisant les visites de grottes et en mettant en place des protocoles de biosécurité pour les chercheurs. Nous encourageons le public à communiquer avec les organismes locaux de protection des espèces sauvages et à signaler toute grotte, mine ou tout autre site habité par des chauves-souris, ainsi que tout comportement inhabituel chez ces dernières, comme des chauves-souris en vol à l'extérieur en plein hiver, ou encore l'observation de chauves-souris mortes en hiver.

(Remarque : Il y a eu récemment un changement dans le nom scientifique de la pipistrelle de l'Est : Perimyotis subflavus était précédemment dénommée Pipistrellus subflavus.)

À propos du COSEPAC

Le COSEPAC évalue la situation des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres principales unités de la biodiversité à l’état sauvage considérées comme étant en péril au Canada. Pour ce faire, le COSEPAC se sert de connaissances scientifiques, traditionnelles autochtones, ou des collectivités, lesquelles sont fournies par de nombreux spécialistes provenant des gouvernements, des universités et d’autres organismes. Les sommaires d’évaluations sont actuellement à la disposition du public sur le site Web du COSEPAC et sont transmis au ministre fédéral de l’Environnement pour une considération de l’inscription en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Les rapports de situation et les sommaires de statut sont mis à la disposition du public dans le Registre public des espèces en péril.

Il y a maintenant 643 espèces sauvages inscrites aux diverses catégories de risque du COSEPAC, y compris 284 espèces en voie de disparition, 158 espèces menacées, 177 espèces préoccupantes et 24 espèces disparues du pays (c.-à-d. on ne les trouve plus à l’état sauvage au Canada). En plus de ces espèces sauvages inscrites aux catégories de risque du COSEPAC, 14 espèces sont désignées comme étant disparues.

Le COSEPAC est composé de membres provenant de chaque organisme responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, Pêches et Océans Canada et le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des Sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones.

Définitions de la terminologie et des catégories de statut du COSEPAC :

Espèce sauvage : Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans. En voie de disparition (VD)* : Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

*Catégorie de risque du COSEPAC

Personne-ressource pour les questions sur le COSEPAC :
Marty L. Leonard (Ph.D.)
Présidente, COSEPAC
Département de biologie de l'Université Dalhousie
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Questions d’ordre général :
Secrétariat du COSEPAC
Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
351, boul. St-Joseph, 16e étage
Gatineau (Québec) K1A 0H3
Téléphone : 819-938-4125
Télécopieur : 819-938-3984
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Cosepac
Personne-ressource pour les questions sur les chauves-souris et le syndrome du museau blanc :
Dr. Graham Forbes
Faculté de la gestion forestière et environnementale
Université du Nouveau-Brunswick
Téléphone : 506-453-4929
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Personne-ressource pour les questions sur les chauves-souris et le syndrome du museau blanc en français :
Annie Levesque
Biologiste en conservation
Direction de l'expertise sur la faune et ses habitats
Téléphone: (418) 627-8694, poste 7448
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À propos de nous

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) est un comité consultatif indépendant qui agit auprès de la ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique et qui se réunit deux fois par année pour évaluer la situation des espèces sauvages menacées de disparition. Ses membres, des experts de la biologie des espèces sauvages provenant du milieu universitaire, de la fonction publique, d’organisations non gouvernementales et du secteur privé, sont chargés de désigner les espèces sauvages qui risquent de disparaître du Canada.

Secrétariat du COSEPAC

Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
351, boul. St-Joseph, 14e étage
Gatineau Québec K1A 0H3
Courriel : cosewic-cosepac@ec.gc.ca